Un an de ciné-club
Il y a un an, le 8
mars 2012, une convention était signée entre la mairie de Saint-Quay-Portrieux
et Ciné St Ke. En instituant un partenariat entre notre association et le cinéma
Arletty, cette convention rendait notamment possible la création d’un
ciné-club, qui en arrive maintenant à sa dixième séance. L’occasion de tirer un
premier bilan.
L’association Ciné St
Ke avait été créée, en août 2009, pour apporter son soutien au projet de
rénovation du cinéma. Après la réouverture de celui-ci, le rôle de
l’association devait évoluer en contribuant notamment au développement d’une
animation culturelle autour du cinéma, en complément de son exploitation
commerciale. La création d’un ciné-club nous a paru le moyen le plus approprié
pour apporter rapidement et durablement cette dimension.
C'est tout d’abord
une question juridique. La ville de Saint-Quay-Portrieux étant propriétaire du
cinéma, un tel acte, ratifié par le conseil municipal, était nécessaire pour
fixer les conditions de son utilisation par une association. Mais la convention
ne se réduit pas une simple mise à disposition des locaux. C’est en termes de
« partenariat » qu’elle définit les relations entre le cinéma Arletty
et Ciné St Ke. Elle ouvre donc un vaste champ de possibles à la fois pour
soutenir la vocation commerciale du cinéma et pour développer sa vocation culturelle et sociale
par un complément d’animations, d’échanges, de rencontres…
Le rôle d’un ciné-club n’est pas
simplement de projeter des films plus ou moins estampillés « non
commerciaux ». Il a aussi vocation à promouvoir la connaissance du cinéma
et à initier à la lecture des films – tout en veillant à ne pas être ennuyeux.
C’est aussi un lieu d’échanges et de dialogue. D’où l’importance de la
présentation du film avant sa projection, et du débat qui lui fait suite. L’une
et l’autre sont des éléments constituants
indispensables à un ciné-club. Nous veillons aussi à la convivialité de nos
débats en les poursuivant systématiquement autour d’un « verre de
l’amitié », accompagné de quelques gourmandises confectionnées par les
membres du conseil d’administration.
En ce qui concerne la
programmation, nous souhaitons donc promouvoir des films qu’on ne voit pas – ou
trop rarement – ailleurs : des grands « classiques » du
patrimoine mondial du cinéma, mais aussi des œuvres plus récentes auxquelles
les critères de la distribution commerciale n’ont pas suffisamment donné leur
chance. Le choix est d’autant plus difficile qu’il existe des centaines de
films répondant à ces critères. Nous devons aussi tenir compte des souhaits de
nos adhérents, et là, nous manquons encore de recul avec seulement une petite
année d’expérience. Il faut enfin – et ce n’est pas négligeable – que le film
retenu soit disponible dans une copie de qualité suffisante sur un support
compatible avec l’équipement du cinéma.
La première séance a eu lieu le 27 mars 2012 avec la
projection du film Remorques, de Jean Grémillon, film dont le personnage
principal joué par Jean Gabin était inspiré d’une grande figure
quinocéenne : le commandant Louis Malbert, pionnier du sauvetage en mer.
Depuis, huit autres séances ont eu lieu à ce jour,
réunissant à chaque fois un peu plus d’une quarantaine de personnes. Il est
intéressant de souligner que de nouvelles adhésions sont réalisées à chaque
séance. Depuis septembre dernier, début de la saison 2012-2013, le nombre
d’adhérents de Ciné St Ke a ainsi atteint près de cent cinquante à ce jour.
Notons aussi que plusieurs de ces nouveaux adhérents
viennent de communes avoisinantes, et parfois même d’assez loin. Certains nous
ont dit avoir découvert le cinéma Arletty à l’occasion de notre ciné-club, et y
être revenus depuis, ce qui ne peut manquer de nous réjouir.
Il ne vient à l’idée de personne de reprocher à
d’autres associations de demander une cotisation pour chanter, pratiquer un
sport, jouer aux cartes ou à la pétanque… Il en va de même pour nous : percevoir
une cotisation pour avoir accès à certaines activités n’est en rien
contradictoire avec le fait que l’association est ouverte à tous, sans aucune
restriction, comme toute association régie par la loi de 1901.
S’agissant du ciné-club, la question de l’adhésion
revêt un aspect particulier. L’activité des ciné-clubs est en effet strictement
encadrée par la loi, qui définit ce qu’il est convenu d’appeler le
« statut du cinéma non commercial ». Parmi les obligations qui nous
sont faites pour nous prévaloir de l’appellation de ciné-club et bénéficier des
conditions afférentes pour la diffusion des films figure celle de n’accueillir
dans nos séances que nos seuls adhérents à jour de leur cotisation. Il n’en
reste pas moins, encore une fois, que l’adhésion, elle, est ouverte à tous.
Le ciné-club est, malheureusement, une activité chère.
Il faut savoir que le coût d’une séance s’élève à environ 400 euros, imputables
pour l’essentiel aux droits de diffusion du film, auxquels s’ajoutent la
redevance de la SACEM, les frais de communication et divers frais annexes. Même
avec la gratuité de la salle, il faudrait fixer les cotisations à un niveau
prohibitif pour équilibrer le budget. La subvention qui nous est accordée
permet de proposer l’accès au ciné-club pour un prix abordable (5 euros par
séance au maximum), équivalent à celui d’une entrée au cinéma avec la carte
d’abonnement.
Un autre aspect de la subvention est qu’elle nous
permet d’aborder une année de programmation avec la certitude de pouvoir aller
jusqu’au bout. Lorsque nous percevons une cotisation, nous nous engageons en
effet à fournir un « service » différé parfois de plusieurs mois. Il
est important, pour les adhérents comme pour les responsables de l’association,
de savoir que ce service pourra être assuré.
La subvention n’est pas pour autant une fin en soi.
Elle est un moyen de réaliser des objectifs, en l’occurrence, pour nous, la
programmation d’une saison de ciné-club. La meilleure chose qui pourrait nous
arriver serait de ne plus avoir besoin de subvention pour cela, signe que nous
aurions désormais suffisamment d’adhérents pour équilibrer notre budget de
façon durable. Nous y travaillons.
Oui, mais encore très insuffisantes. C’est lié au fait
que nous manquons encore de recul et d’expérience… et aussi de bonnes volontés
en nombre suffisant. C’est lié également au contexte de fluctuations et
d’incertitudes quant à la gestion de la salle, avec en particulier la fermeture
du cinéma pendant un mois et demi au printemps dernier. Si on compte aussi
l’interruption des vacances estivales, nous n’avons finalement eu que huit mois
pour démarrer notre activité, période au cours de laquelle nous avons concentré
nos efforts sur le ciné-club.
Quelques expériences ont cependant pu être
menées : une conférence gratuite sur Quentin Tarantino au centre de
congrès ; la présentation, dans le cadre de la programmation commerciale,
du film Les Enfants du Paradis, à
l’occasion de sa ressortie en salles en version restaurée ; la projection,
offerte gratuitement par notre association dans le cadre de la Semaine Bleue du
CCAS, du film French Cancan… Des
contacts réguliers ont eu lieu, par ailleurs, avec les responsables successifs
du cinéma.
Il faut aussi mentionner, pour être complets, des
projets plus ambitieux qui n’ont pu voir le jour jusqu’à présent, mais que nous
ne désespérons pas de mener à bien ultérieurement, tels une animation à
l’occasion de l’anniversaire du cinéma ou encore la participation au mois du
film documentaire organisé par plusieurs associations dans tout le département.
Tout d’abord assurer la continuité et la pérennité du
ciné-club. C’est notre principale activité, et elle suscite la satisfaction
quasi unanime de tous ses participants. Ensuite nous verrons. Une procédure de
DSP est en cours de finalisation pour confier la gestion du cinéma à un
délégataire. Dès que celui-ci sera désigné, nous prendrons contact avec lui pour
examiner ce qu’il sera possible de faire, à la fois en fonction de ses
souhaits, de nos possibilités et, bien sûr, de la volonté du conseil municipal.
Les idées ne manquent pas. Souhaitons trouver les
moyens, matériels et humains, de les réaliser. Toutes les bonnes volontés sont
les bienvenues.
Patrick Bergaud
Président de Ciné St Ke
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